Paris, 10 avril 2025 – Le detailing automobile ne se limite pas à un travail minutieux sur la carrosserie, c’est aussi un véritable modèle économique en plein essor. À l’occasion du Salon de l’Auto et de l’Innovation, Business & Auto s’entretient avec Armand Lospied, entrepreneur et expert en structuration du detailing en France. Fondateur de Formation Detailing, acteur clé de SP Formation et membre actif de l’EFPEA, il a contribué à la reconnaissance officielle du métier à travers deux certifications RS.
Son parcours est à la croisée des chemins entre expertise technique et vision stratégique. Son objectif : structurer un secteur en pleine expansion et accompagner les entrepreneurs vers un modèle rentable et durable.
Sophie Garnier : Armand, vous avez réussi à vous imposer comme un acteur incontournable du detailing en France, mais votre parcours est avant tout entrepreneurial. Comment avez-vous construit cette expertise ?
Armand Lospied : Mon parcours est marqué par une volonté constante de professionnaliser et structurer des secteurs émergents. Avant de me spécialiser dans le detailing, j’avais déjà une solide expérience dans l’entrepreneuriat, la gestion d’entreprise et la reconnaissance des métiers.
Lorsque j’ai vu l’évolution du detailing en France, j’ai rapidement compris qu’il y avait un manque de cadre structuré pour les professionnels. Beaucoup de passionnés se lançaient sans méthode, sans formation officielle et avec une gestion financière souvent fragile. J’ai voulu apporter des solutions concrètes : des formations certifiantes, des méthodologies éprouvées et surtout une vision entrepreneuriale qui permette aux detailers de construire une activité viable.
C’est dans cet esprit que j’ai co-développé les certifications RS, notamment RS5956 pour le polissage et RS Lavage, obtenu en 2024, qui apportent une vraie reconnaissance à ces savoir-faire.
Sophie Garnier : Justement, parlons de ces certifications. Pourquoi étaient-elles essentielles à la professionnalisation du detailing ?
Armand Lospied : Ces certifications sont une avancée majeure pour la structuration du métier. Avant, le detailing en France était perçu comme un service annexe, souvent assimilé à un simple lavage automobile. Nous avons voulu changer cette perception en établissant des standards de qualité reconnus par l’État et le marché.
Avec RS5956 (Polissage automobile), nous avons mis en avant une expertise technique avancée, indispensable pour corriger les défauts des carrosseries tout en préservant l’intégrité des vernis. C’est une compétence qui demande une vraie maîtrise et qui méritait une reconnaissance officielle.
Avec RS Lavage, validé en juillet 2024, nous avons posé les bases d’un lavage professionnel efficace et responsable, intégrant les nouvelles exigences écologiques et les méthodes modernes d’entretien automobile. Pour les professionnels, disposer de salariés formés et certifiés est un argument commercial puissant auprès des clients et partenaires.
Pour un centre de detailing, afficher ces certifications garantit un savoir-faire éprouvé et permet de se démarquer dans les appels d’offres et les contrats avec les grands groupes.
Sophie Garnier : Vous parlez d’un modèle entrepreneurial structuré. Quels sont, selon vous, les leviers clés pour réussir dans le detailing aujourd’hui ?
Armand Lospied : Réussir dans le detailing ne repose pas uniquement sur la technique, c’est un équilibre entre savoir-faire, gestion et stratégie commerciale. Il y a trois axes fondamentaux.
Premièrement, la formation et la montée en compétences. Un bon entrepreneur ne peut pas se contenter d’apprendre sur le tas. Se former aux techniques avancées, aux nouvelles technologies comme l’IA appliquée à l’optimisation des process et à la gestion d’entreprise est essentiel.
Deuxièmement, une gestion rigoureuse et rentable. Beaucoup d’entrepreneurs se lancent avec une approche trop artisanale, sans une vision financière claire. Il faut savoir calibrer ses prix, optimiser ses marges et structurer son offre pour être rentable. Une erreur fréquente est de sous-estimer le coût réel des prestations. Un bon pricing et une gestion optimisée des flux de travail permettent d’éviter les pièges du travail sous-payé.
Troisièmement, le marketing et la différenciation. Un centre de detailing doit travailler son image et sa visibilité. Aujourd’hui, un site bien structuré, une présence active sur les réseaux sociaux et des témoignages clients bien mis en avant font la différence. Valoriser son expertise via les certifications RS ou une spécialisation, comme le detailing de luxe ou les véhicules de collection, permet de capter une clientèle ciblée et plus rentable.
Sophie Garnier : Vous accompagnez aussi des groupes et des réseaux dans leur structuration. Comment les certifications RS peuvent-elles les aider à se développer ?
Armand Lospied : Les certifications RS permettent aux groupes de structurer leurs équipes et de garantir un niveau de compétence homogène sur l’ensemble de leurs sites. Une entreprise qui affiche un personnel certifié RS Lavage ou RS Polissage montre à ses clients qu’elle s’inscrit dans une démarche de qualité et de professionnalisation.
Pour les grands groupes ou les franchises de detailing, cela représente un avantage stratégique sur plusieurs plans. D’abord, cela facilite le recrutement et la formation des employés, en s’appuyant sur un référentiel métier clair et reconnu. Ensuite, cela permet de se différencier sur des marchés où la concurrence est forte, notamment lors d’appels d’offres avec des entreprises ou des collectivités qui recherchent des prestataires qualifiés. Enfin, en termes de rentabilité, un centre certifié inspire davantage confiance et peut justifier des tarifs plus élevés en raison de son expertise validée.
Sophie Garnier : Vous avez évoqué l’intelligence artificielle. Pensez-vous qu’elle jouera un rôle dans l’évolution du detailing ?
Armand Lospied : L’IA est déjà présente dans l’industrie automobile, et elle commence à trouver des applications intéressantes dans le detailing. Des outils existent pour analyser l’état d’une carrosserie et détecter les défauts avec une précision extrême. Certains logiciels permettent aussi d’optimiser les process en atelier en planifiant automatiquement les tâches en fonction du temps de séchage des traitements ou de la disponibilité des postes de travail.
J’utilise moi-même l’IA pour analyser les performances de mon centre de formation et anticiper les besoins des stagiaires. Dans quelques années, je pense que nous verrons des solutions d’automatisation partielle pour certaines étapes du detailing, tout en gardant une part essentielle de travail artisanal.
Sophie Garnier : Avec cette approche mêlant expertise et stratégie, quelle est votre vision du detailing dans les années à venir ?
Armand Lospied : Le detailing va continuer à se structurer et à gagner en reconnaissance. De plus en plus de centres vont se positionner sur des prestations haut de gamme, intégrant des protections céramiques avancées, des services personnalisés et une approche plus respectueuse de l’environnement.
Je vois aussi une ouverture vers de nouveaux modèles économiques. Certains entrepreneurs combinent déjà detailing et location de véhicules premium, d’autres développent des offres d’abonnement pour l’entretien régulier des voitures de luxe.
Mon rôle est d’accompagner cette évolution en apportant des outils concrets aux professionnels. Grâce aux certifications, aux formations et à une structuration rigoureuse, le detailing va devenir une branche incontournable des métiers de l’automobile.
Sophie Garnier : Merci Armand pour cette analyse précise et votre engagement dans la professionnalisation du detailing.
Armand Lospied : Merci à vous. L’avenir du detailing se construit aujourd’hui, et je suis fier d’y contribuer aux côtés des entrepreneurs qui veulent faire avancer ce métier.